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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 10:04

Jusqu'en 2008 j'y ai participé et voila comment je l'ai ressenti

Trou, gnouf, en langage pénitentiaire le quartier disciplinaire. C'est un endroit un peu retiré de la détention ou le détenu est puni pour avoir commis des infractions au règlement intérieur. Pour accéder aux cellules la présence d'un surveillant et de gradé de poste est obligatoire. Chacun a une clef différente, pour ouvrir les deux portes, ce qui assure dans tous les cas une intervention avec au minimum deux personnes.

Pourquoi ? C'est le seul moyen pour arrêter un écart ou une violation volontaire du règlement. Si un détenu rentre de la drogue, surpris en train de fumer du shit, se bat, refuse un ordre, frappe le personnel ou met la vie en danger de codétenus. Nous l'emmenons au quartier disciplinaire en prévention pour faire cesser immédiatement la faute. Si celle ci ne présente pas un caractère d'urgence il est convoqué à une date ultérieure au conseil de discipline.

Conseil de discipline ou prétoire, tribunal intérieur, siège le Directeur ou son délégué, un personnel gradé et un surveillant. Le détenu est debout, souvent dans un carré peint sur le sol, devant ces trois personnes assises devant lui et derrière des tables, suivant son état de stress il est entouré d'un ou plusieurs surveillants, depuis quelques années il peut être assisté par un avocat ou un mandataire.

Le Directeur lit les faits qui sont reprochés à l'incriminé détenu, ensuite il lui donne la parole pour qu'il s'explique. Le brigadier, voir le surveillant peut poser des questions pour essayer de comprendre ce qui l'amène à comparaître. Ensuite la parole est donnée à l'avocat qui peut trouver des erreurs de procédure et défend son client du mieux possible dans des conditions loin d'une justice sereine.

Le Directeur et les deux agents se réunissent à huit clos pour délibérer de la sanction à donner ou de la relaxe. Je me suis aperçu que la défense de l'avocat n'amène rien dans les décisions, sauf pour les vices de procédures. De toute façon le directeur a toujours le dernier mot. Ensuite nous faisons entrer l'accusé pour lui faire part des décisions prises à son encontre, le détenu peut faire appel de son jugement auprès du Directeur régional dans les 7 jours. Comme l'appel n'est pas suspensif, il fera de toutes manières toujours sa peine avant la réponse.

Une fois mis en cellule disciplinaire, les détenus, sachant que le Directeur du Pontet a peur même de son ombre. Ils se font passer le mot pour faire soit des tentatives de suicides avec des bouts de drap tellement ténu que nous voyons le jour à travers. Soit ils optent pour le feu avec les allumettes réglementaires à trois papiers pas quatre. Halte au gaspillage ! Ils brament, disent qu'ils sont claustrophobes. Alors telle Zorro, le neuropsychiatre arrive, et fait la solution-miracle, papier torchon, pour le sortir. Il y a toujours l’acquiescement de A... directeur, notre majesté et maître, qui ne conteste rien pour faire sortie la créature alors qu'il en a les moyens mais la peur de son ombre l'en empêche.

Pour les 20 % maintenant qui font leur punition en entier cela devient un double châtiment. En plus ils ont les diminutions de remises de peines. De bouche à oreille les détenus savent très bien qu'en faisant des essais de suicides simulés, ils sortent rapidement de ce quartier. La frilosité et la peur des chefs d'établissements rendent le quartier disciplinaire obsolète. L'OIP, les droits de l'homme on maintenant totalement raison de demander sa suppression, car plus applicable de façon cohérente.

En contrepartie, il faut continuer à avoir un conseil de discipline qui lui enlèvera des réductions de peine en fonction des fautes reprochées. S'il n'a plus de remises de peine le faire passer en comparution immédiate et le juger pour le délit ou de la faute. Il est fondamental d'avoir un moyen d’admonestation afin que les plus déchaînés essayent d'être respectueux de la réglementation.

Il faut que le ministère de la justice nous accorde l'assermentation. Il ne faut plus que nos propos soient mis en doute. Celle-ci est bien donnée aux gardes champêtres dont la mission et bien moins délicats que la notre.

Je pense qu'il faut actuellement réserver quelques cellules que j’appelle de décompression ou le détenu après une bagarre agression ou autre se rendra. La personne restera le temps de se calmer après suivant ce qu’il a fait. Ensuite nous pourrions le diriger, vers une affectation en correspondance avec son état d’esprit voir vers un transfert, pour retrouver le calme.

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